Le Corpus Nostradamique
La Lettre à
César
(préfaçant les Centuries
1 à 7)
copie de l'édition princeps de 1555
de l'index C013 à C024 |
C013 |
car rien ne se peult paracheuer sans luy, ausquelz si grande
est la puissance & la bonté aux subiectz que pendant
qu'ilz demeurent en eulx, toutesfois aux aultres effectz pour
la similitude de la cause du bon genius, celle challeur &
puissance vaticinatrice s'approche de nous: comme il nous aduient
des rayons du soleil, qui se viennent getants leur influence
aux corps elementeres, & non elementeres. |
C014 |
Quant à nous qui sommes humains ne pouuons rien de nostre
naturelle cognoissance, & inclination d'engin congnoistre
des secretz obstruses de Dieu le createur, Quia non est nostrum
noscere tempora, nec momenta &c. [Car ce n'est pas à
nous de connaître les temps, ni les moments, etc.]. |
C015 |
Combien que aussi de present peuuent aduenir & estre personnaiges
que Dieu le createur aye voulu reueler par imaginatiues impressions,
quelques secretz de l'aduenir a accordés à l'astrologie
iudicielle, comme du passé, que certaine puissance &
volontaire faculté venoit par eulx, comme flambe de feu
apparoir, que luy inspirant on venoit à iuger les diuines
& humaines inspirations. |
C016 |
Car les uures diuines, que totalement sont absoluës,
Dieu les vient paracheuer: la troisiesme, les mauuais. |
C017 |
Mais mon filz ie te parle icy vn peu trop obstrusement: |
C018 |
mais quant aux occultes vaticinations que lon vient à
receuoyr par le subtil esperit du feu qui quelque foys par l'entendement
agité comtemplant le plus hault des astres, comme estant
vigilant, mesmes que aux prononciations estant surprins escrits
prononceant sans crainte moins atainct d'inuerecunde loquacité:
mais quoy? tout procedoit de la puissance diuine du grand Dieu
eternel, de qui toute bonté procede. |
C019 |
Encores mon filz que i'aye inseré le nom de prophete,
ie ne me veux atribuer tiltre de si haulte sublimite pour le
temps present: car qui propheta dicitur hodie, olim vocabatur
videns [Celui qu'on apppelle aujourd'hui Prophète, était
autrefois appelé Voyant]: car prophete proprement mon
filz est celuy qui voit choses loingtaines de la cognoissance
naturelle de toute creature. |
C020 |
Et cas aduenant que le prophete moyenant la parfaicte lumiere
de la ,pphetie luy appaire manifestement des choses diuines,
comme humaines: que ne ce peult fayre, veu les effectz de la
future prediction s'estendant loing. |
C021 |
Car les secretz de Dieu sont incomprehensibles, & la vertu
effectrice contingent de longue estendue de la congnoissance
naturelle prenent son plus prochain origine du liberal arbitre,
faict aparoir les causes q d'elles mesmes ne peuue[n]t aquerir
celle notice pour estre cognuës ne par les humains augures,
ne par aultre cognoissance ou vertu occulte comprinse soubz la
concauité du ciel, mesmes du faict present de la totale
eternité que vient en soy embrasser tout le temps. |
C022 |
Mais moiennant quelque indiuisible eternité par comitiale
agitation Hiraclienne, les causes par le celeste mouuement sont
congnuës. |
C023 |
Ie ne dis pas mon filz, affin que bien l'entendes, que la cognoissance
de ceste matiere ne se peult encores imprimer dans ton debile
cerueau, que les causes futures bien loingtaines ne soient à
la cognoissance de la creature raisonable: si sont nonobstant
bonement la creature de l'ame intellectuelle des causes presentes
loingtaines, ne luy sont du tout ne trop occultes ne trop reserées: |
C024 |
mais la parfaite des causes notice ne se peult aquerir sans celle
diuine inspiration : veu que toute inspiration prophetique reçoit
prenant son principal principe mouant de Dieu le createur, puis
de l'heur, & de nature. |
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