La quadrature du cercle

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L'un des systèmes qui pourrait être un des principaux avantages dans la traduction des prophéties de Nostradamus serait de trouver, une bonne fois pour toute, l'ordre chronologique des quatrains. A ma connaissance trois personnes ont émis des hypothèses sur ce sujet : Roger Frontenac, Daniel Ruzo et Pierre Plantard de Saint-Clair. Or, comme celles-ci n'avaient pas le talent de l'interprète, il est évident qu'elles n'ont pu aboutir à un résultat tangible.

Roger Frontenac, forgé par le « chiffre » qui fut son métier, émit une suggestion intéressante : la conversion du numéro du quatrain en chiffre arabe sans en rompre l'ordre de succession, celui-ci étant jusqu'alors exprimé en chiffre romain et arabe. Toutefois il fit l'erreur d'accoler les trois dernières Centuries à la septième incomplète où il y compta 42 quatrains. Le dernier quatrain de cette Centurie portait le numéro 642 dont il fit suivre le 643, quatrain numéro 1 de la huitième Centurie (par erreur de comptage on trouve dans son livre 742 suivi de 743 : un employé du chiffre qui n'est même pas « foutu » de compter correctement, ça la fout mal). Seulement une petite trouvaille de notre cru vient remettre à bas tout cet édifice pseudo-scientifiquement postulé : le mot « concorde » n'est employé que trois fois dans les Centuries, aux
quatrains 0239 (III-39, je mets l'ancienne dénomination par respect pour les « dinosaures »), 0503 (VI-03) et 0767 (VIII-67), or l'intervalle entre ces trois nominations est exactement 264. Si cet intervalle avait varié d'un seul point nous ne nous serions pas étonné mais là il est rigoureusement égal. En conséquence, l'espace des quatrains manquant dans la septième Centurie ne peut être comblé par l'accollement de la huitième.
Il devra l'être par d'autres quatrains, mais surtout pas par les sixtains qui, comme l'a si bien prouvé Daniel Ruzo dans son « Testament », sont des faux du début du XVIIe siècle. Pour ces autres quatrains à insérer à cet endroit je postule ceux de chacun des douze mois tirés des almanachs de 1555 à 1559 : 6 almanachs x 12 mois = 60 quatrains, car l'édition de 1557 se terminait au quarantième de la septième Centurie. Par conséquent les quatrains contenus dans les Centuries (de I à X) sont au nombre de 940.
Toutefois il faudrait peut être moduler cette acception par l'ajout d'autres quatrains (6, les six supplémentaires à la huitième ?) pour retrouver un intervalle égal de 264 entre le quatrain 0767 et le 6201 (janvier 1562) où le mot « concorde » réapparaît (mais le développement de cette hypothèse ne fait pas partie de cet exposé).

Le premier postulat est donc dans cette recherche : émettre une combinaison qui puisse être vérifiée dans le texte par des interprétations concrètes et vérifiables, et pour cela il faut être soi-même interprète. Je citerai pour exemple Albert Einstein qui, ayant découvert sa théorie de la Relativité, prit des cours supplémentaires de mathématiques pour la démonter aux yeux de ses pairs.

Cependant qui dit ordre chronologique des quatrains s'affronte à plusieurs inconnues, qui d'ailleurs ne résolvent pas tout. Car un ordre chronologique n'est pas une date. Mais si l'on possédait déjà cet ordre (ou succession dans le temps) on réduirait de beaucoup les erreurs d'interprétation en situant chaque quatrain dans une tranche de temps la
plus précise possible. Mais auparavant il faut pour cela avoir résolu les
inconnues que nous allons aborder maintenant.

 
 

 

La première inconnue est la durée exacte des prophéties de Nostradamus. Certains auteurs suivant les dates données par lui dans ces textes la pousse au quatrième millénaire (ce qui donne une moyenne d'un quatrain tous les deux ans); d'autres, sans doute par mauvaise compréhension de la phrase de l'Epître à Henri Second (H014) : « supputant presque autant des aduentures du temps aduenir, comme des eages passez... »
où l'expression comme des eages passez veut dire aussi bien (autant) que s'il décrivait (comme) des événements du passé, la faisant remonter à la naissance du Christ font aboutir à ce même quatrième millénaire (un quatrain tous les six ans).

Pour ma part mon hypothèse est que les événements relatés dans les Centuries ne passeront pas la barre du XXIe siècle (entre 2066 et 2082, cf N.D. soit une durée de 512 ou 528 ans), ce qui réduit la moyenne à deux quatrains par année. L'année 3797 citée par Nostradamus est en effet, comme je l'explique dans N.D., une date à convertir de mois martiens en mois terrestres (Nostradamus le suggère d'ailleurs à son fils dans sa Lettre à César (C003) : & ne veulx dire tes ans qui ne sont encores accompaignés, mais tes moys Martiaulx). Cette date convertie nous donne septembre-octobre 2018 où interviendra un renouveau spirituel (anaragonique révolution).

La deuxième inconnue est le nombre exact de quatrains à prendre en compte. Ce nombre disposé sur un cercle peut être parcouru dans le sens des aiguilles d'une montre ou en sens inverse (sachant que ce nombre est supérieur à 360 on ne peut utiliser la décomposition en degrés). Pour ce nombre mystérieux je postule quatrain, c'est-à-dire 1111 (entendez : quatre un). On pourrait dire que la somme des quatrains est égale à l'unité (quatrain).

940 quatrains dans les Centuries + 156 quatrains mensuels des
almanachs = 1096; il ne nous manque que 15 quatrains pour compléter cette série.

La troisième inconnue est la séquence utilisée par Nostradamus pour ranger les quatrains selon l'ordre chronologique. Le seul indice que nous ayons est cette phrase de l'Epître à Henri Second (H085) : « Or de Iesus Christ en ça par la diuersité des sectes ie le laisse, & ayant supputé & calculé les presentes Propheties, le tout selon l'ordre de la chaisne qui contient sa reuolution, le tout par doctrine Astronomique, & selon mon naturel instinct... ». Le tout indique la totalité de l'¦uvre. L'ordre de la chaîne qui contient sa révolution est donc l'énigme à résoudre pour réussir. L'idée de chaîne induit un cycle dont les boucles s'entremêlent, des maillons imbriqués les uns dans les autres. Pour ce qui est d'un ordre qui contient sa révolution on peut penser à Pi qui est un rapport qui calcule n'importe quelle révolution et se décompose à l'infini (séquence variable). Mais cette séquence est-elle fixe ou variable ?

Sans la résolution de ces trois inconnues aucune solution ne peut être trouvée. Mais la question la plus pertinente est celle-ci : cet ordre chronologique a-t-il jamais existé ? Si oui, bon courage...

Eric Platel d'Armoc

 
 

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 maj : 29/11/1999